Japon

Lundi, 4 juin 2001.
Ça fait déjà plusieurs jours que je suis arrivé. Jusqu'à maintenant, tout va très bien. Cependant, je dois dire un gros merci à Yukako et sa famille qui m'aident énormément.

J'ai expérimenté mon premier tremblement de terre cette semaine! Il était de faible intensité mais je l'ai bien senti. Toute la maison a été secouée pendant 5 ou 6 secondes. C'est rassurant ;-)

Je commence à me sentir de plus en plus à l'aise bien que j'aie très hâte d'avoir mon propre appartement. Je ne voudrais abuser de l'hospitalité de la famille de Yukako. Les chiens de garde ont commencé à m'accepter. Ils jappent moins souvent et moins longtemps qu'avant.

En fin de semaine, j'ai été très occupé. En compagnie de Yukako, je me suis rendu au centre-ville, en voiture. Nous sommes allés au Centre International de la préfecture d'Aichi pour obtenir de l'information sur la recherche d'appartement. J'ai ensuite visité quelques guichets automatiques pour obtenir de l'argent à partir de mes cartes de crédit ou de ma carte débit. Malheureusement, mes tentatives se sont avérées vaines. Je m'y attendais. J'ignore toujours comment je vais faire pour retirer de l'argent de mon compte. C'est un dossier à suivre… Par la suite, nous avons dîné dans un genre de restaurant-café. Nous avons tous les deux mangé un trio lasagne, salade, pain. Prix du repas : 1000 yens chacun. Après, nous nous sommes rendus dans un bureau d'agence immobilière pour regarder des appartements. C'était intéressant.

Le lendemain, nous sommes allés visiter deux appartements. Comme prévu, le prix est incroyablement élevé mais quand même un peu en dessous de ce que je croyais. Ce ne sera pas encore cette année que je vivrai dans plus grand. Les deux appartements visités sont des 1 et demi, au rez-de-chaussée. Les meubles sont fournis (frigo, poêle, lit, table, télévision) ainsi que l'électricité et peut-être le gaz. Les appartements sont, tous les deux, situés près de la maison parentale de Yukako, non loin d'une station de métro. Je devrais en visiter un autre cette semaine avant de prendre ma décision. Je pourrai payer par carte de crédit. Je dois payer d'avance pour les 6 prochains mois. Ce n'est pas facile mais c'est comme ça que ça fonctionne au Japon. Si j'étais certain de pouvoir rester un an, j'aurais pu obtenir un coût mensuel un peu moins élevé, toutefois j'aurais eu à payer d'avance pour les 12 mois! Lorsque j'aurai pris ma décision, je mentionnerai le prix de mon appartement. Le concept d'assurance habitation ne semble pas très populaire dans le coin. Pour le vol, l'assurance prend la forme d'un chien. Pour le feu, ça semble prendre la forme d'un coup de dé ou d'une prière. Je dois investiguer davantage sur la question avant de porter une conclusion.

Sur le chemin du retour à la maison, Yukako s'est arrêté à une station d'essence pour faire le plein. Le service semble meilleur que chez nous. Le personnel nous a accueilli en nous faisant des courbettes. Et il nous a aussi aidé à quitter les lieux en toute sécurité en surveillant le trafic pour nous. Semble-t-il que c'est encore mieux si l'on va dans une station légèrement plus dispendieuse.

Jusqu'à présent, la nourriture est vraiment très bonne et très santé. La mère de Yukako est bonne cuisinière. Je mange surtout des légumes, des fruits, du poisson, du riz et des nouilles. Il est souvent difficile d'identifier ce que je mange, souvent parce que c'est des choses qui me sont inconnues.

La température est intense. Il fait très chaud. C'est parfois suffocant. Semble-t-il que ça sera encore plus chaud et plus humide prochainement. La saison des pluies commencera demain d'après les prévisions météorologiques. Un mois de pluie incessante.

Il y a eu un dîner familial dans un restaurant chinois dans un centre d'achats gigantesque. C'était un buffet. Comme chez nous, ce n'est pas de l'authentique cuisine chinoise mais bien une version adaptée à la culture locale. C'était quand même correct et abordable.

J'ai profité de mes temps libres pour lire un roman que j'ai acheté dernièrement : 1984 de George Orwell. J'ai beaucoup aimé malgré que ce soit très pessimiste. J'aimerais beaucoup revoir la version télévisée mais ça ne sera pas avant longtemps, je crois. Je le recommande à tous.

J'ai pris une marche aux alentours de la maison. Les quartiers résidentiels sont incroyablement compliqués. De vrais labyrinthes! Je ne m'y suis pas encore perdu mais ce n'est qu'une question de temps. Le système de numérotation est différent du nôtre. Il semble pas mal chaotique. Peut-être vais-je finir par le comprendre un jour. Les adresses sont marquées en caractères très petits, totalement illisibles lorsqu'on est en voiture. Le nom des rues est souvent optionnel. Après tout, ce n'est pas si important que ça.

La sœur de Yukako m'a offert un cadeau. C'était un œuf en chocolat avec une surprise à l'intérieur, un kit de vêtements pour une figurine en plastique de Hello Kitty. Je n'ai malheureusement pas cette figurine, j'aurai à acheter d'autres œufs en chocolat pour avoir la chance de l'obtenir.

Voilà pour les dernières nouvelles.

Mardi, 5 juin 2001.
Hier, j'ai commencé à travailler sérieusement pour le Licef. Comme je n'ai pas encore accès à Internet et que j'avais besoin de certaines composantes pour commencer ce que je voulais faire, j'ai dû me résigner à travailler sur Linux, les composantes que j'avais besoin étant déjà installées sur cette plate-forme. Jusqu'à présent, ça fonctionne très bien. Je dois même dire que ça me plaît. J'ai dû apprendre à faire un makefile minimal ainsi qu'à comprendre les bases de données MySQL et PostgreSQL. Je n'ai pas rencontré de problèmes majeurs. On peut presque dire que ça a marché du premier coup bien que j'aie eu à lire pas mal de documentation.

Aujourd'hui, je vais aller au consulat canadien pour m'enregistrer et obtenir de l'information générale. J'irai aussi visiter des banques pour voir les options que j'ai pour obtenir de l'argent. Après le dîner, on devrait aussi magasiner un peu.

Jeudi, 7 juin 2001.
Déjà une semaine de passée. Hier, toujours accompagné de Yukako, je me suis rendu au consulat canadien pour m'enregistrer. Semble-t-il que c'est recommandé pour les longs séjours. De cette façon, en cas d'accident ou de catastrophe naturelle, on peut prévenir ma famille. Malgré le fait que la Japonaise travaillant là-bas parle un peu français, lui parler m'a semblé plutôt désagréable.

Ensuite, je suis retourné à l'agence immobilière Leo Palace pour chercher la clef d'un autre appartement que nous avons visité quelques minutes plus tard. Il était bien quoiqu'un peu sombre. C'est malheureusement dans ce dernier que je vais habiter pour les six prochains mois car on m'a coupé l'herbe sous le pied à la dernière minute pour celui qui m'intéressait. J'ai trouvé ça très frustrant mais que pouvais-je faire? Il était légèrement plus grand et plus éclairé. Dans le pire des cas, je changerai peut-être d'appartement dans six mois. Ce qui est dommage, c'est que j'aurai à payer à nouveau l'installation du téléphone et d'Internet… Enfin, on verra… Peut-être que je vais m'y plaire. Ça reste à voir cependant car c'est encore plus petit que mon appartement à Montréal qui était déjà pas mal petit. Concernant le coût du loyer : 497640 yens pour 6 mois. Ce qui revient à environ 1030$ canadiens par mois. Ça inclut l'électricité et certains articles ménagers (produits nettoyants, vaisselles, ustensiles, chaudrons, cadran, etc.) Je prendrai sûrement des photos de mon appartement.

Dimanche, 10 juin 2001.
Hier, j'ai emménagé dans mon appartement. C'est définitivement très petit et la plupart des commodités semblent plutôt fragiles. Je vais devoir faire attention car je sais qu'en quittant l'endroit, j'aurai à payer pour les bris occasionnés. Malgré tout, ç'est acceptable. Je devrais survivre 6 mois dans cette cellule. Après ça, on verra.

J'ai commencé à chercher un fournisseur de services Internet. Ça ne semble pas évident. J'aurais aimé avoir un accès par le câble mais ce n'est pas tellement populaire dans le coin. Et ça semble très dispendieux! Peut-être de 60-100$ canadiens par mois environ. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le Japon est plutôt en retard en ce qui concerne Internet.

J'ai pu écouter Rambo à la télévision. C'est assez comique de voir les films américains doublés en japonais.

Samedi, 16 juin 2001.
J'ai finalement réussi à retirer de l'argent à partir de mon compte de banque de Montréal en utilisant ma carte de débit. Il fallait tout simplement que je diminue un peu le montant d'argent que je voulais retirer pour que ça fonctionne. Semble-t-il que les Japonais n'ont pas ce problème car ils peuvent retirer autant d'argent qu'ils veulent à partir d'un guichet automatique.

Cependant, il m'est impossible de connaître mon solde. Je crois qu'à l'aide d'Internet et moyennant des frais minimes, je pourrai obtenir cette information. Je vais probablement bientôt m'ouvrir un compte au Japon et transférer quelques dollars pour m'éviter des frais inutiles pour les transactions Cirrus qui sont peut-être coûteuses.

J'ai réussi à obtenir plus amples informations à propos de mon accès Internet. Je devrais faire installer le modem-câble chez la famille de Yukako. De cette façon, ce sera plus économique car le câble est déjà installé là-bas. Qui plus est, même si mon appartement est situé tout près de là, c'est loin d'être sûr qu'il est possible d'installer le câble chez moi car ce service n'est pas desservi dans tous les quartiers. Ça semble presque expérimental pour l'instant.

Je suis allé au centre international de Nagoya aujourd'hui. Je cherchais de l'information pour prendre des cours de japonais. Finalement, je vais commencer par me débrouiller seul. Il y a un service de bibliothèque gratuit qui offre de bons livres d'apprentissage du japonais. J'ai aussi emprunté un autre livre que Sylvie Roux m'a recommandé : "Animal farm" de George Orwell. Sylvie l'a préféré à 1984.

On m'a demandé pourquoi je trouve les bains cools au Japon. Je m'explique. Il faut d'abord savoir que les Japonais raffolent des bains. La douche est beaucoup moins populaire ici que chez nous. Là-bas, on prend généralement son bain en fin de journée. Ça se passe en deux étapes. On commence d'abord par se laver. Pour ce faire, on s'assied sur un petit banc en plastique ou en bois, on se savonne et on s'asperge d'eau soit avec un seau d'eau ou une douche téléphone (ou les deux.) Par la suite, lorsqu'on est correctement rincé, on peut aller dans le bain. Aller dans le bain avec du savon est considéré presque comme un sacrilège. À ne pas faire! Évidemment, on m'avait prévenu donc je ne suis pas tombé dans le piège. Le bain est toujours prêt (voire plein) et sa température est rigoureusement contrôlée (entre 39 et 43 °C en fonction de la température extérieure.) On peut ainsi relaxer de ses 12 heures de travail quotidiennes (c'est apparemment ce qui se passe avec le père de Yukako.) Le bain est très confortable, très profond et moulé de façon qu'on puisse rester dedans très longtemps si on peut tolérer la chaleur. Souvent, les bains dans les maisons sont équipés de dispositifs pour filtrer l'eau pour ainsi réutiliser la même eau pour plusieurs personnes.

Les bains sont tellement populaires au Japon que beaucoup de gens profitent de leurs vacances pour se détendre dans des établissements spécialisés à cet effet. Souvent, c'est dans des sources chaudes naturelles, dans un décor enchanteur et relaxant, que l'on ira se baigner. On aura aussi plusieurs bains à températures différentes pour satisfaire tout le monde. Des services de massages sont parfois aussi disponibles.

Mercredi, le 20 juin 2001.
J'ai rencontré un représentant de StarCat aujourd'hui. Il s'agit de la compagnie offrant le service Internet par câble. Ça s'est déroulé dans la maison parentale de Yukako en compagnie d'Okaa-san (la mère de Yukako.) Je n'ai pas tout compris ce qui s'est dit mais ça s'est bien déroulé. Ça risque de prendre 2 à 3 semaines cependant avant que ça se concrétise. Le temps de remplir les formulaires et de procéder à l'installation.

J'ai terminé la lecture de mon premier roman écrit en espagnol. Il s'agissait d'Anochecer d'Isaac Asimov et d'un autre auteur dont le nom m'échappe. J'ai trouvé l'idée principale intéressante mais je n'ai pas aimé les nombreuses coïncidences improbables vers la fin de l'histoire. En gros, il s'agit d'un monde doté de 6 soleils où l'on ne connaît jamais la nuit jusqu'au jour où des scientifiques découvrent qu'à tous les 2049 ans, la configuration des astres serait favorable à engendrer une nuit de quelques heures, durée suffisante pour provoquer une folie générale sur toute la population. Le livre raconte donc ce qui se passe avant, pendant et après cette nuit catastrophique.

Je me suis remis à l'apprentissage du japonais. Il y a beaucoup de travail à faire! Tellement d'idéogrammes à mémoriser et tant de mots à apprendre. Semble-t-il que ça demande de 8 à 10 ans d'études pour se sentir à l'aise avec cette langue. J'espère qu'il ne s'agit pas d'études à temps plein…

Jeudi, le 21 juin 2001.
C'est définitivement la saison des pluies. Il pleut tous les jours et parfois beaucoup. Jusqu'à dimanche, on annonce des nuages et de la pluie. Il semble y avoir plusieurs inondations sur l'île de Kyuushu. J'espère qu'il n'y en aura pas à Nagoya comme l'année dernière.

J'ai terminé le livre "Animal farm." Ce fut court et divertissant. Il s'agit d'une ferme où les animaux se révoltent. Ils chassent les humains qui les dominaient et se prennent en charge eux-même. Cependant, les cochons, les plus rusés, reprennent le contrôle de façon subtile et instaurnt un gouvernement communiste où la classe dirigeante abuse de son pouvoir. À la fin, les cochons finissent même par s'associer avec les humains. Il devient alors difficile de distinguer les humains des cochons. Les deux étant corrompus, manipulateurs et profiteurs. J'ai quand même préféré 1984 qui est plus sérieux et réaliste. Il y a beaucoup de points communs entre les deux romans.

Dimanche, le 24 juin 2001.
En fin de semaine, j'ai assisté à une pièce de Nô. C'était une journée spéciale où l'accès était gratuit pour tout le monde. De plus, une amie de la famille Okumura nous avait donné des billets nous donnant droit à un dîner et un breuvage gratuits. La pièce durait environ 5 heures. Nous en avons vu un peu plus d'un cinquième. Je ne sais pas d'où origine cette forme d'art mais c'est très étrange. Je n'ai vraiment rien compris à la chose. Et Yukako n'a pas semblé comprendre beaucoup plus que moi. C'est un art difficilement accessible pour les étrangers et peut-être même pour les Japonais contemporains. Comme c'était ma première fois, je n'ai pas succombé à l'ennui mais je ne pense pas que j'aurais pu patienter jusqu'à la fin à moins qu'il y ait plus d'action. Difficile d'en avoir moins que ce que j'ai vu. Malgré tout, ça a piqué ma curiosité, je vais faire une petite recherche pour tenter de trouver comment a pris naissance le Nô.

Pour vous mettre l'eau à la bouche, je vous raconte mon expérience. D'abord, ça se passait au centre national de Nô de Nagoya, tout près du château. L'endroit est vraiment très bien. Beau décor, très zen (semble-t-il que le Nô est un art très zen.) À ma grande surprise, il y avait beaucoup de monde. Des gens entraient, d'autres sortaient. On a même vu un vieillard qui dormait profondément. Ça augurait bien.

Il y avait une belle scène en bois sans aucun décor sur laquelle une chorale de 8 hommes à genou marmonnaient du japonais difficile à comprendre. Quand je dis difficile à comprendre, je veux dire que même Yukako ne comprenait pas. Probablement que la façon de chanter n'aidait pas. Il y avait aussi deux joueurs de tambours et un flûtiste, eux-aussi, agenouillés. Le rythme du tambour était accompagné de gémissements rythmés mais bizarres. En ce qui concerne la flûte, c'était un peu comme lorsqu'on souffle trop fort dedans mais ça semblait voulu. Curieusement, le mélange m'a paru intéressant pour les 10 premières minutes. Cependant, 5 heures… C'est alors qu'un personnage, vêtu d'un costume flamboyant et un masque blanc affichant un léger sourire un peu niais, fait son entrée. Il se met à danser comme un robot sur la scène et brandit un éventail. Parfois, il chante derrière son masque. Apparemment du japonais d'une autre époque. Après une quarantaine de minutes, il finit par s'éclipser très lentement. Le reste de la troupe suit. Elle aussi, très lentement. À ce moment, je me suis dit. Bon, allons manger. Cependant, il n'y avait pas de pause!

Ça a recommencé mais cette fois-ci, il n'y avait que deux personnes sur scène. Une danseuse et un musicien. La danseuse avait un chapeau traditionnel en cuir. Yukako a compris qu'il pleuvait et qu'elle se servait de son chapeau pour se protéger. C'est apparemment ce qu'elle a chanté pendant au moins une vingtaine de minutes.

Par la suite, un autre groupe les a remplacés. Même chorale et même musiciens qu'auparavant sauf qu'une femme avec un bâton dansait et chantait. De temps en temps, elle s'excitait un peu et donnait deux ou trois coups dans les airs. Alors le rythme des tambours et des gémissements accélérait pendant au moins 10 secondes. Après quoi ça revenait à la normale. Nous avons fini par nous dire qu'il était temps d'aller visiter la cantine. Malheureusement, c'était plein et plutôt bruyant. Nous avons mangé ailleurs.

Peut-être que ce n'était pas la meilleure pièce de Nô mais ça ne m'a pas donné le goût d'en voir une autre. J'ignore si ça dure toujours aussi longtemps d'habitude. Enfin, si j'ai à voir une autre pièce de Nô, je tenterai d'assister au dénouement de l'histoire. Ce sera peut-être plus intéressant.

Dimanche, le 1 juillet 2001.
Après la pluie, le beau temps. Il a fait très chaud et humide (35 °C) cette semaine. À cette température, on n'a pas le goût de se promener dehors trop longtemps.

J'ai surtout passé mon temps à l'intérieur, au frais. Il y a l'air climatisé dans mon appartement. L'électricité est incluse dans le prix de location ce qui fait que je peux utiliser le climatiseur sans coûts additionnels. Chez Yukako, il y a aussi des climatiseurs mais on ne les utilise pratiquement jamais car l'électricité coûte trop cher.

J'ai étudié le japonais. Je suis encore à réviser d'anciennes notions mais j'apprends beaucoup de nouveaux kanjis. Ce n'est pas une tâche facile car un kanji comporte généralement 2, 3, parfois même 4 façons de se prononcer, dépendamment si on le prononce à la chinoise ou à la japonaise. Le son d'un kanji varie parfois selon les kanjis qui le suivent qui précisent le contexte. Je donne un exemple pour illustrer la chose :

IMA Ce kanji signifie 'maintenant' et se prononce 'ima'.
NICHI Cet autre kanji signifie 'jour' et se prononce 'hi'.
HA Ce kana ne veut rien dire en soi. C'est un délimiteur qui spécifie un contexte. Il se prononce 'wa'.
IMA NICHI Ensembles, ces deux kanjis signifient 'aujourd'hui' et se prononcent 'kyoo'.
IMA NICHI HA Cette combinaison de kanjis et kana signifient 'bonjour' et se prononcent 'konnichiwa'.


Il faut aussi l'écrire de la bonne façon. Chaque trait doit être dans le bon ordre et la bonne direction. Évidemment, ceci est moins important car l'ordre des traits est difficilement perceptible une fois que le kanji est écrit.

Port de Nagoya
En fin de semaine, je suis allé au port de Nagoya. Ce n'était pas si mal. Il y a une superbe bâtisse hébergeant un parc aquatique. J'irai peut-être le visiter un jour. Cette fois-ci cependant, je suis allé dans un petit parc d'amusement avec quelques manèges. J'ai payé 600 yens pour accéder à la grande roue. La vue était très bonne d'en haut. La ville est vraiment dense de bâtiments. Il manque de parcs où l'on peut relaxer tranquille. Les rues sont trop étroites. Il y a trop de voitures, trop de monde, trop de vélos. Mais c'est ça les grandes villes japonaises.

Le reste du temps, j'ai marché aux alentours. Ce n'est pas très grand. On fait le tour assez rapidement. Il y avait un bateau de combat que j'aurais peut-être pu visiter si j'étais arrivé plus tôt.

À part ça, j'ai eu des nouvelles à propos de mon accès Internet. Je devrais être branché avant la fin du mois de juillet. Il n'y a qu'une compagnie dans Nagoya qui offre l'accès par le modem câble et elle est surchargée de demandes. J'espère que ça fonctionnera bien. J'ai fait deux tests à Montréal avant de partir. Ça a fonctionné une fois sur deux.

Lundi, le 16 juillet 2001.
Il fait toujours très chaud. Pas beaucoup de pluie malgré la saison.

Je me suis couché tard pas mal tous les soirs dernièrement. J'ai écouté le tournoi de tennis de Wimbledon à la télévision.

Cette semaine, c'est plutôt du sumo que je regarde. C'est pas mal bizarre comme sport. J'avais entendu parler de ce sport auparavant mais je n'avais jamais vu un combat de sumo. Le tournoi a lieu à Nagoya. C'est un événement très populaire qui dure 15 jours. Semble-t-il qu'un bon billet pour assister sur place au spectacle est très coûteux (pour faire changement.) Je me contente de le regarder à la télévision. Ça coûte moins cher et c'est plus confortable. L'assistance semble avoir très chaud là-bas. Je ne suis pas sûr que l''endroit soit climatisé. De plus, il n'y a pas de chaises, on doit rester à genoux pendant plusieurs heures.

En gros, ça se déroule comme suit. Deux lutteurs s'approchent du ring. Ils sont immenses, grands et adipeux mais aussi très fort. Ils ont une coupe de cheveux particulière et un genre de slip bizarre.

Le lutteur victorieux du combat précédent offre de l'eau aux nouveaux compétiteurs. Ces derniers prennent place sur le ring. À tour de rôle, les lutteurs lèvent la jambe gauche, puis la jambe droite. Ils s'écartent du ring en se donnant des tapes sur le ventre ou sur les cuisses. À l'aide d'une serviette, ils s'épongent le visage, les épaules, les bras et l'abdomen. Ceci afin de se purifier avant le combat. Ils reviennent sur le ring en jetant une poignée de sel dans les airs. Ceci afin d'éloigner les mauvais esprits. Ils reprennent leur position de combat, l'un en face de l'autre, se penchent comme pour charger sur l'adversaire et se regardent pendant 2 ou 3 secondes. C'est un genre de pré-combat psychologique. Après quoi, ils se lèvent pour s'écarter un peu du ring (toujours en se donnant des tapes un peu partout.) Ils font ça 2 ou 3 fois, peut-être même 4 fois. Après quelques minutes qui paraissent interminables, le combat commence enfin.

Les deux lutteurs foncent l'un dans l'autre comme des béliers. Ils n'ont pas le droit de se donner de coups de poing mais ils peuvent se donner de puissantes tapes. Le premier qui est expulsé du ring, qui perd pied ou qui touche le sol avec autre chose que ses pieds perd le combat. Jusqu'à maintenant, la plupart des combats durent une dizaine de secondes. Souvent, ça dure un gros 3 secondes! Semble-t-il que ça peut durer plusieurs minutes. Lorsque c'est le cas, il est possible que l'arbitre permette aux lutteurs une pause. À ce moment, avant d'arrêter le combat, on prend soin de mesurer la position exacte de chaque lutteur pour reprendre le combat exactement au même point où l'on était rendu.

Il faut faire attention à ne pas trop pousser l'adversaire car s'il parvient à se libérer, on risque de se ramasser le visage dans le sable. D'un autre côté, il ne faut pas trop tirer l'adversaire car celui-ci peut nous projeter en dehors du ring si l'on perd l'équilibre.

Après quoi, le lutteur perdant, après un bref salut, s'estompe pendant que le lutteur gagnant reprend sa position, s'accroupit sur son séant, fait un salut à l'arbitre qui lui donne une enveloppe qui, vraisemblement, contiendrait de l'argent, et sort du ring pour offrir de l'eau aux lutteurs suivants.

Il y a parfois des combats intéressants cependant, le rituel au début de chaque combat est relativement pénible et répétitif.

Quoi de neuf à part ça ? Je suis sorti en fin de semaine. J'ai rencontré Colen. Il est Ontarien. Il est le chum de Yuka, ma professeure de Japonais qui m'a enseigné à Montréal. Ça faisait du bien de rencontrer un autre gaijin. On a beaucoup bavardé en prenant du thé glacé. Il enseigne l'anglais à des petits Japonais à Yokohama, une grande ville près de Tokyo. Nous avons magasiné un peu des livres et des disques compacts. Par la suite, nous sommes allés jouer à des jeux vidéos en attendant Shinsuke et Akemi. Shinsuke est le frère de Yuka. Akemi est son amie (ou une amie?) Après nous sommes allés dans un bar occidental, du genre à la Cage aux sports. Il y avait beaucoup de gaijins là-bas. Nous avons rencontré d'autres amis Japonais. Il y avait Kazo, Nana, et d'autres dont j'oublie les noms. J'ai pu pratiquer mon japonais à souhait. Certains Japonais parlaient un peu anglais. Nous avons terminé la soirée dans une salle de billard.

Somme toute, une bonne journée de divertissement. Je ne me sentais pas très bien le lendemain cependant. J'ai pris ça relaxe. Pour ceux que ça intéresse, je n'ai pas mentionné les histoires de mon oncle Rosaire à personne pendant la soirée :-)

La famille de Yukako a eu affaire avec la police dernièrement. C'est qu'on s'est plaint d'une odeur très forte et suspecte provenant d'un appartement que la famille louait à une personne âgée (autour de la soixantaine.) La police est allée inspecter les lieux. On y a découvert le corps putréfié du locataire. Ça faisait déjà plusieurs jours que la personne avait trépassé. Avec la chaleur sans pitié du Japon, ça ne devait pas être très beau à voir. L'odeur était tellement forte que même après le nettoyage, on en percevait des traces.

J'ai travaillé aussi sur un projet personnel que je dévoilerai probablement bientôt sur mon site. Il s'agit d'une petite application web qui me permettra, je l'espère, de payer le coût d'hébergement de mon site. Ça m'occupe un peu en attendant mon accès haute-vitesse Internet et les spécifications du Licef. C'est implanté en PHP4 avec une base de données MySQL sur Linux. Ça me fait apprendre d'autres choses, c'est l'fun! Ça semble vrai ce que l'on dit sur Linux, ce n'est pas toujours convivial mais ça ne plante pas souvent (voire jamais... jusqu'à maintenant).

J'ai aussi lu un livre qui s'intitule "Historias misteriosas" de Yakumo Koizumi et Lafcadio Hearn. Il s'agit de courtes nouvelles fantastiques provenant du patrimoine japonais écrites en espagnol. Il semble avoir plusieurs autres livres du genre, je devrais en lire un autre prochainement.

Durant les temps libres, j'apprends des kanjis et du vocabulaires.

Jeudi, le 26 juillet 2001.
La saison des pluies qu'ils disaient… Ouais… Il a plu 1 mm de pluie a Tokyo depuis le début du mois de juillet. C'est presque pareil à Nagoya. Il n'a presque pas plu. En fait, c'est la canicule. Il a fait 38,5 °C hier. Aujourd'hui, c'est 36 °C. Il fait presque toujours au moins 34 °C. Certaines villes ont enregistré des températures allant jusqu'à 40 °C. C'est écrasant.

Évidemment, avec cette belle chaleur combinée avec l'humidité et la coutume de changer de sandales plusieurs fois par jour, j'imagine que c'est le contexte idéal pour développer des maladies de pieds. J'aurais dû faire davantage attention mais rien de mieux que de faire des erreurs pour apprendre… J'ai donc un beau pied d'athlète et ce n'est pas parce que je fais du sport que je l'ai. C'est la première fois que j'ai ça. C'est pas très l'fun. Ça ressemble à des ampoules permanentes entre les orteils. Je dois maintenant appliquer un onguent et une poudre magiques quotidiennement pour parvenir à anéantir les champignons causant le bobo. D'après le pharmacien, le traitement durera un peu plus d'un mois.

En fin de semaine, je suis allé à Gifu avec toute la famille Okumura. J'ai rencontré la grand-mère de Yukako. Une dame de 77 ans encore très en forme. Elle m'a été très sympathique. Nous avons dîné ensembles dans un restaurant particulièrement intéressant. Il s'agissait d'un buffet où chaque table était munie d'une grille chauffante. Nous pouvions ainsi faire cuir les viandes de notre choix à la cuisson désirée et en quantité plus que satisfaisante. Il y avait aussi des fruits de mer, des légumes, et des desserts (fruits, warabi mochi, jello, etc.) C'était très bien.

Je vais profiter du fait que je viens d'en parler… La warabi mochi est un dessert à base de riz. Ça consiste à de petites boules gélatineuses blanchâtres translucides recouvertes de sucre brun. Ce n'est pas une texture que je raffole mais on finit par s'habituer. Les Japonais adorent cette texture comme en témoignent plusieurs autres mets typiques. Je prendrai probablement le temps de parler sur la nourriture japonaise un moment donné mais pour l'instant, je me contenterai de la warabi mochi. Si jamais vous marchez en ville et que vous entendez une chanson semblant provenir des profondeurs de l'empire musulman, c'est sûrement que la camionnette du vendeur de warabi mochi est proche. En effet, on peut entendre cet air plusieurs fois par jour : WarAAAAAAbiiiiiiiiiiiMOOchiiii… Je ne sais pas si c'est un dessert de saison mais ça me rappelle le Cornet Voleur… erh… Volant qui vendait de la crème glacée dans mon quartier durant mon enfance.

Le tournoi de sumo s'est terminée par une surprise. Le numéro 1, un Hawaïen énorme avec un visage toujours très calme et sérieux (du genre, il n'y en a pas de problèmes), a été vaincu par un Japonais. C'était assez comique à voir car une bonne partie de l'assistance a tiré leur coussin pour exprimer leur joie. Ça m'a rappelé les parties d'improvisation où l'on peut lancer des claques selon la situation.

D'autres nouvelles plus tard...

Jeudi, le 2 août 2001.
Toujours pas de pluie. Toujours très chaud. Avant hier, il a fait 37 °C et hier, 39,3 °C!! Ce n'est pas facile! Même les Japonais trouvent ça anormal.

Dernièrement, Yukako m'a fait découvrir un endroit intéressant. Ça s'appelle Nabana. C'est situé à Nagashima près de Nagoya. Il s'agit d'un beau jardin parsemé d'étangs. Comme c'était durant la semaine et assez tard (vers 18h30 ou 19h00), ce n'était pas trop achalandé. Ça faisait du bien. C'est fatigant quand c'est toujours plein de monde. Le coût d'entrée était de 1000 yens par personne. En échange, nous avons reçu chacun un coupon de 1000 yens nous permettant d'acheter quelque chose dans le magasin à souvenirs. La plupart des souvenirs étant de la nourriture. Entre autres, il y avait des biscuits feuilles d'érables du Canada et des chips Doritos. Mais on pouvait aussi trouver d'autres choses comme des fruits de mer, de la viande, ainsi que des friandises de luxe, etc.

Plusieurs restaurants dispendieux parsemaient l'endroit, dissimulés derrière les arbres et les fleurs. Nous avons passé une bonne partie du temps à tremper nos pieds dans une source chaude naturelle. Il y avait aussi un onsen, un bain public dans de l'eau de source chaude mais nous l'avons plutôt ignoré. C'était cool.

Yukako a commencé un nouveau travail. Elle travaillait dans le département de service à la clientèle chez Coca-cola avant. Ce n'était pas tellement intéressant ni très payant. Il est encore trop tôt pour savoir si son nouveau boulot est correct. Toutefois, c'est mieux rémunéré quoique ce soit un peu loin. Il semble qu'elle s'occupe du traitement d'eau dans des piscines publiques ou quelque chose du genre. Ça se définira davantage dans les jours qui suivent.

Ça tombe bien. Ça me permettra de me concentrer davantage sur le travail du licef. À part ça, c'est tranquille.

Mardi, le 7 août 2001.
Aujourd'hui, il y a eu de la pluie!! Cela a fait beaucoup de bien. La température est redevenue à un niveau acceptable. Je ne crois pas que ça durera longtemps.

Mon pied est presque totalement guéri. Je dois quand même continuer le traitement. Semble-t-il que la peau toute neuve est très fragile et qu'il serait facile d'attraper à nouveau un autre pied d'athlète.

En fin de semaine, j'ai participé à un voyage organisé à destination de Kamikouchi. C'est un parc national dans les "alpes japonaises." C'est un endroit couru par les grimpeurs. Pour ma part, je me suis contenté de marcher dans la vallée, le long de la rivière et de contempler le paysage. Étant donné l'altitude, la température était acceptable. C'était très beau.

Le seul point négatif du voyage, c'est l'autobus. Celui-ci était très étroit. Comme ça prenait 2,5-3 heures pour se rendre là-bas, c'était assez pénible. Mais le pire, c'était la guide touristique, une Japonaise, qui n'a pas arrêté de parler durant tout le voyage, aller et retour. Elle utilisait un microphone qui lui permettait avec aisance de casser les oreilles de tout le monde. Mais le pire, c'était le ton monotone sur lequel elle parlait sans cesse. Difficile à imaginer de parler de la sorte pendant si longtemps. À un moment donné, elle nous a même chanté une chanson… Ça faisait pas mal dur. J'étais, encore une fois, accompagné de la belle famille et celle-ci partageait mon point de vue. D'ailleurs, Yukako n'y est pas allée de main morte lorsqu'elle a rempli la fiche d'appréciation du voyage.

J'ai regardé deux autres pièces de Nô à la télévision. Définitivement, ce n'est pas ma tasse de thé. J'abandonne. Il n'y a rien à comprendre là-dedans. Soyez tranquilles, vous devriez être épargnés de cette forme d'art. Ça m'étonnerait beaucoup que l'on importe ça au Canada.

Dimanche, le 19 août 2001.
Maintenant que je travaille à plein temps, la routine s'est installée. Malgré cela, dernièrement, j'ai pris le train pour aller visiter Inuyama, en compagnie de Yukako.

Inuyama-Jou
C'est une petite ville près d'une rivière surplombée par un très beau château couronnant le sommet d'une colline. Semble-t-il que ce château est le seul à être une propriété privée au Japon. Les autres sont propriétés nationales. Il serait aussi l'un des rares à ne pas avoir été rénovés. Les autres ont été endommagés par des bombardements pendant la guerre ou des incendies ultérieurement. La vue était splendide et l'architecture intéressante. À l'intérieur, c'était plutôt dénudé. À l'occasion, il y avait des photographies des autres châteaux au Japon ainsi que des personnalités reliées à la famille propriétaire du bâtiment. Les escaliers menant au dernier étage du palais étaient très à pics. C'étaient presque des échelles.

Par la suite, nous sommes revenus à la gare de train pour manger un peu et se reposer de la chaleur toujours impitoyable. Nous sommes allés visiter la maison de la famille Okumura. Ce n'est pas la famille de Yukako. Il s'agit d'une famille célèbre dans la région. Je n'ai pas tellement compris au juste le rôle de cette famille dans l'histoire nippone cependant, semble-t-il, que le shogun qui vivait dans le château, dans un passé assez lointain, serait venu à plusieurs reprises dans cette maison avant d'aller à la guerre. La maison était de style traditionnel avec un très joli jardin abritant des centaines de moustiques. Il y avait aussi beaucoup d'antiquités rassemblées dans un genre de grenier (plus ou moins intéressant.) Nous avons été invités à prendre le thé. Ça venait avec une umeboshi, un genre de prune japonaise. Heureusement, elle était petite. Yukako raffole de ces petites prunes. Pour ma part… C'est très salé et franchement pas très bon. J'ai eu de la chance. Comme l'hôtesse parlait avec Yukako, elle n'a pas vu ma grimace. Avec une gorgée de thé, j'ai pu faire passer le mauvais goût.

Temple Narita-san
En prenant soin de remercier notre hôtesse pour le thé (pas pour la prune :-), nous avons continué notre chemin jusqu'à un site touristique considéré comme monument national. Il s'agit d'un jardin dans lequel se trouve une maison de thé qui fût jadis célèbre et fréquentée par la plupart des personnalités importantes de l'époque. C'était un peu dispendieux. Ça consistait principalement à des bâtisses très dénudées, avec des tatamis à l'intérieur. J'imagine que lorsque c'était fréquenté, c'était intéressant mais maintenant que c'est désert, ça ne m'a pas impressionné. Yukako a attiré mon attention sur les portes des salons de thé qui sont très petites. Semble-t-il que c'était pour mettre l'emphase qu'il était interdit d'entrer avec des épées et que tous et chacun étaient considérés comme égaux une fois à l'intérieur de l'établissement.

Le dernier endroit d'intérêt était un gros temple religieux au sommet d'une colline. Avant d'escalader les centaines de marche nécessaires pour parvenir à destination, j'en ai profité pour boire deux cannettes de thé au citron. Il faisait vraiment très chaud cette journée-là. Il était déjà trop tard pour contrer les effets de la déshydratation : mal de tête en background. Ça valait quand même la peine de braver la chaleur. Une fois de plus, la vue était magnifique et la bâtisse impressionnante bien que je ne sois pas très religieux. J'ai bu deux autres cannettes : un stuff gazéiffié très sucré aux pommes et du thé vert.

Nous sommes revenus en train, un peu plus tard que prévu. Ça faisait du bien de se reposer après beaucoup de marche sous un soleil sans pitié.

Jeudi, le 30 août 2001.
Rien de spécial ces derniers temps.

J'ai lu Black Rain. C'est un roman policier moyen qui se déroule principalement au Japon, à Osaka. Divertissant mais beaucoup d'invraisemblances.

J'ai acheté la version japonaise de Harry Potter. Il y a beaucoup de kanjis. Ça m'est extrèment difficile à lire. Si j'arrive à le compléter, je serai vraiment fier de moi. Mais ça devrait prendre plusieurs mois (voire des années…) Et ça, ce n'est que le premier tôme. Je crois qu'il y en a quatre.

Il y a eu un téléthon dernièrement. À un certain moment, un jeune homme a demandé sa petite amie en mariage, en direct. Après quelques secondes d'étonnement, et peut-être, de réflexion, elle a biensûr accepté. Cependant, lorsqu'il a voulu l'embrasser, ç'a été plus difficile. On pouvait lire la crainte du quant dira-t-on sur son visage. C'était vraiment impressionnant de voir ça. Elle reculait même si le gars la tenait par le bras. Il a fallu qu'il s'y prenne à trois reprises. On voyait qu'elle ne voulait pas faire ça en public. J'ai pensé qu'elle allait pleurer tellement elle faisait la grimace mais elle s'est retenue et a finalement fini par lui concéder un bec ultra rapide. C'est à peine si leurs lèvres se sont effleurées. La pression sociale est vraiment très forte. Jusqu'à présent, je n'ai vu personne s'embrasser en public. Se promener main dans la main est toléré mais loin des yeux de la famille ou des amis.

Un autre phénomène différent aussi, c'est lorsque le Premier ministre du pays, Kouizumi-san, a pris une semaine de vacances. À chaque jour, on pouvait le voir à la télévision. Parfois, il jouait au golf ou se lançait au baseball avec des amis. Il était toujours entouré de dizaines de fans qui parfois lui posaient des questions ou se contentaient tout simplement de le regarder. Ça c'est des vacances! Je ne pense pas qu'une chose similaire se produise avec Jean Chrétien.

Petit anecdote comique. En revenant chez moi, en soirée, j'avais reçu une lettre de la compagnie propriétaire de l'appartement où je demeure. Évidemment, c'était écrit en japonais donc j'ai dû prendre mon dictionnaire pour essayer de comprendre de quoi il retournait. Les mots importants que j'ai compris étaient : " Ne pas faire… , département de la justice, respect des autres locataires, plainte, etc… " C'était assez pour me tracasser toute la soirée et me demander qu'est-ce que j'avais donc fait pour que l'on formule une plainte à mon égard. Il était trop tard pour demander l'assistance de Yukako. J'ai donc dû attendre au lendemain pour avoir une traduction complète. Finalement, c'était une fausse alerte. Ça ne s'adressait pas à moi mais à un autre locataire. Semble-t-il ce dernier aurait affiché quelque chose sur sa porte qui aurait vexé un autre locataire. La lettre demandait poliment de retirer ce quelque chose. Je ne saurai jamais c'était quoi.

Il y a eu un petit festival dans une des rues principales du centre-ville. Ce fut moyennement intéressant. Il y avait plusieurs démonstrations de danses traditionnelles. C'était souvent plus bruyant qu'intéressant.

Mardi, le 11 septembre 2001.
Un autre typhon (mon deuxième) a frappé le Japon hier. Une fois encore, Nagoya a été épargnée. Certaines régions cependant ont eu des vents violents et beaucoup de pluie. J'ai vu plusieurs images d'inondations, de glissements de terrain et de poteaux arrachés ou d'arbres déracinés. Il n'y a eu qu'un peu de pluie. Ce qui n'est pas une mauvaise chose. Je m'en tire indemme.

Parlant de catastrophes naturelles, je suis allé faire un petit tour au Centre de prévention des catastrophes de Nagoya. C'est un endroit public gratuit où l'on peut se renseigner sur les mesures à prendre lorsqu'un typhon, un incendie ou un tremblement de terre fait rage à proximité. J'ai bien apprécié ma visite. J'ai pu expérimenter un tremblement de terre de force 7 dans un genre de simulateur. Évidemment, il n'y avait aucun objet libre et rien ne s'est effondré donc pas de panique! Ça donne quand même un bon aperçu de la force de Mère Nature. Par après, j'ai pu tester un tremblement de terre de force équivalente dans une maison utilisant une technologie récente pour se protéger des secousses sysmiques. C'était pas mal impressionnant. Il y avait une tasse remplie d'eau sur la table et elle ne s'est même pas renversée. J'ai pu aussi me promener dans une maison remplie de fumée. Ce n'était pas évident de trouver la sortie. La fumée était suffisamment dense pour bloquer ma vision mais pas pour m'empêcher de respirer librement.

Anecdote comique. En me rendant à l'épicerie, un automobiliste s'arrête près de moi, avec un regard désespéré. C'était une Japonaise. Elle m'a adressé la parole en anglais (ce qui est très surprenant!) Elle m'a expliqué qu'elle était à la recherche d'un professeur d'anglais disponible le jour même! Elle était prête à m'engager, TUU-suite! J'ai décliné sa proposition. Je ne saurai jamais si elle a trouvé quelqu'un. Elle est repartie sans plus attendre.

J'ai aussi cuisiné un gâteau au fromage, dernièrement, pour la famille Okumura. Ce ne fût pas un succès retentissant mais je crois que l'on a quand même apprécié. Les Japonais ne sont pas friands des desserts très riches et très sucrés. Moi, en tout cas, j'ai bien aimé. C'était ma première fois.

Mercredi, le 12 septembre 2001.
J'étais chez Yukako lorsque j'ai entendu la nouvelle. Je venais juste d'éteindre l'ordinateur lorsque le bulletin anglophone de nouvelles de 23 heures a annoncé que les Etats-Unis avaient été victimes d'un attentat terroriste prenant la forme d'avions de ligne s'écrasant dans les tours du World Trade Center à New-York et au Pentagone à Washington. Je suis vite descendu à la cuisine. La télévision était éteinte. J'ai communiqué la nouvelle à toute la famille. Le père de Yukako a allumé la télévision et nous avons pu voir la tragédie. C'était comme dans un film américain. J'ai pensé que Bruce Willis surgirait pour sauver la situation mais non… C'est toute la planète qui va s'en ressentir.

Je suis rentré chez moi par la suite. J'ai téléphoné mes parents, mon frère et des amis. J'ai écouté la télévision jusqu'à 3 heures du matin. Les images étaient saisissantes et inoubliables. Je n'en reviens pas. C'est tout à fait incroyable. Il n'y a pas de mots pour décrire l'atrocité de cet acte terroriste.

J'ignore comment les autorités américaines vont réagir face à ces événements mais ce sera probablement violent. Les images de réjouissance de la Palestine étaient plutôt irritantes et provocantes.

Serait-ce le début d'une guerre qui s'amorce? Il est encore trop tôt pour le savoir. On ne sait pas encore qui est responsable. Celui qui revendiquera cet acte terroriste a besoin d'être bien caché.

Jeudi, le 27 septembre 2001.
Il y a eu un tremblement de terre de magnitude 3 aujourd'hui. Rien d'épeurant. Ça a duré une dizaine de secondes.

J'ai essayé deux restaurants intéressants dernièrement. Le premier fut un restaurant mexicain. La bouffe n'était pas exceptionnelle mais ça faisait changement de la cuisine japonaise. J'ai mangé des nachos et des enchiladas. Il y avait des bières importées au menu. Yukako a pris une Labatt Bleue pour se remémorer son séjour au Québec. J'ai pris une Lima, une bière américaine au citron/lime.

L'autre restaurant, c'était ce qu'on appelle un izakaya. On dit que c'est un bar japonais mais ça ressemblait plus à un restaurant. Il y avait un bar mais on pouvait aussi s'asseoir aux tables pour manger et boire! J'étais accompagné de Yukako et un de ses anciens collègues de travail avec qui elle a gardé contact. Il était très intéressé à voyager. Il m'a posé tout plein de questions sur le Canada et sur mes impressions du Japon. C'était cool parce qu'il parlait lentement et qu'il utilisait, la plupart du temps, des mots que je comprenais. J'ai mangé de la pieuvre frite, des genres de nouilles chinoises adaptées à la japonaise (comme au Canada, les mets chinois au Japon ne sont pas vraiment des mets chinois.) Et un autre truc que j'oublie. J'ai bu une bière et un excellent breuvage alcoolisé aux fruits.

J'ai pris une pause dans mes études de japonais. Je suis rendu à un point où j'arrive à exprimer pas mal tout ce que je veux. Biensûr, ça sort souvent un peu croche, c'est toujours très long et j'utilise toujours le même vocabulaire plutôt limité mais la plupart du temps, le monde comprend. Je ne discute pas philosphie encore mais bon, peut-être un jour… L'obstacle principal, c'est les kanjis. Si au moins je pouvais lire, je pourrais apprendre plus facilement du nouveau vocabulaire. Mais c'est tellement difficile de lire. Ça demande vraiment beaucoup de temps, de persévérance et du travail. Juste pour donner un exemple, j'ai passé au moins 6 heures seulement pour lire la première page de Harry Potter. Et je ne peux pas dire que j'ai tout compris. Quand les phrases sont longues, j'ai de la misère à séquencer les bouts de phrase correctement. Mais bon, j'imagine qu'avec de la pratique, ça s'améliorera. À la télévision, il y a parfois des étrangers qui parlent japonais et c'est vraiment motivant (et frustrant) de les voir. Ils sont vraiment fluents.

Je me suis mis à courir aussi. Je vais essayer de courir 30 minutes par deux jours. J'ai besoin de me mettre en forme. Je ne fais pas beaucoup d'exercices physiques au Japon car tout coûte cher. J'ai eu une opportunité de jouer au badminton mais c'était un peu trop loin. Je n'ai pas de voiture et je n'ai pas l'intention de conduire ici.

Côté lecture, je suis en train de lire le roman : "The thin red line". J'aimerais bien revoir le film.

Lundi, le 8 octobre 2001.
Déjà le mois d'octobre... Ça passe vraiment très vite.

Je devrais bientôt m'informer de la procédure à suivre pour prolonger mon séjour au Japon. Mon permis de résidence se termine normalement à la fin du mois de novembre. J'aimerais le prolonger pour 6 mois additionnels. J'espère que ce sera aussi facile que d'obtenir le visa vacances-travail.

Ça-y-est! La guerre est commencée. Je ne vois pas comment les bombardements vont enrayer le terrorisme mais il est maintenant trop tard pour faire marche arrière. Serait-ce le début de la troisième guerre mondiale? Il y a beaucoup de pays impliqués. Ça va probablement durer un bon bout de temps. Histoire à suivre et à subir…

De mon côté, rien de vraiment intéressant cette semaine. Je suis allé magasiner un peu. Comme je passe beaucoup de temps à l'ordinateur, je me suis acheté une chaise plus confortable pour travailler. Ce n'est pas le gros char, comme on dit, mais c'est mieux qu'avant.

J'ai aussi loué mon premier DVD. C'était "Charlie's angels." Je l'avais déjà vu au cinéma mais pas Yukako. Avec le DVD par contre, je l'ai écouté en japonais sous-titré en anglais. Yukako l'a écouté en anglais sous-titré en anglais. C'est cool de pouvoir choisir la langue d'écoute et les sous-titres. Le prix de location était d'environ 5$ pour une semaine, 4$ pour une journée. Un billet de cinéma coûte environ 22,50$. Bonne différence!

Lundi, le 29 octobre 2001.
L'hiver s'en vient... Le froid commence à se faire sentir. C'est à partir de cette date que l'on apprécie vraiment les toilettes chauffantes du Japon. Et oui, chez la famille de Yukako, les toilettes sont pourvues d'éléments chauffants ainsi que d'un genre de bidet pour se rincer convenablement là où il faut. Il y a le jet pour femme et le jet pour homme. Ça va surement me manquer lorsque je reviendrai au Canada.

J'aurais aimé aller célébrer l'Halloween dans un bar en fin de semaine dernière pour voir comment ça se passe au Japon. Malheureusement, Yukako n'était vraiment pas intéressée. Ce n'est pas très populaire ici. Il était hors de question pour Yukako de se promener déguisée dans le métro. Ça ne se fait tout simplement pas au Japon, semblerait-il.

À la place, je suis allé dans un endroit qui s'appelle Shirakawa-go. C'est un coin touristique à visiter, semble-t-il, pour les Japonais. Malgré ma nuit blanche, j'ai bien aimé. C'était situé dans les montagnes et comme l'automne approche, les arbres étaient très colorés. J'ai pu voir des anciens villages dont les huttes avaient un style très particulier. Il y avait plusieurs chutes, souvent très hautes, dans les montagnes. Vraiment très beau coin. J'ai aussi mangé un repas typiquement japonais. Comme tout repas typique qui se respecte, je n'ai pu identifier que 50% de ce que j'ai mangé. C'était quand même très bon. Il y avait, entre autres, un poisson que j'ai mangé entier, tête incluse. Aucune perte. C'est comme ça qu'on fait ici.

Je suis allé au bureau d'immigration chercher des formulaires pour demander une extension de séjour, il y a deux semaines. J'y suis retourné la semaine suivante pour porter les formulaires dument remplis. Malheureusement, il me manquait un document qui s'appelle une " Alien registration card. " J'ai donc dû me faire faire des photos de type passeport. Je me suis d'abord rendu à un magasin de photos. J'ai appris que ça coûtait 18$ pour 2 photos. À ma grande surprise, quand je lui ai demandé s'il n'y avait pas une machine publique à photos dans le coin, il m'a dit qu'il y en avait une à 300 mètres de là. Je me suis excusé et j'ai vite trouvé la machine. Ça coûtait deux fois moins cher. Je me suis ensuite rendu dans un bureau de quartier pour obtenir cette carte. Là-bas, j'ai appris que j'aurais du demander cette carte depuis le début de mon séjour et que j'étais, par conséquent, en état d'illégalité. J'ai du remplir un formulaire expliquant pourquoi j'avais enfreint la loi. Par la suite, j'ai rempli d'autres formulaires pour obtenir la carte. Le fonctionnaire m'a alors donné un papier que je devrais échanger pour obtenir la carte mais ce, quand dans 3 semaines. Je lui ai dit que j'avais besoin de la carte rapidement pour demander une extension de séjour. J'ai donc du remplir d'autres formulaires pour obtenir un papier sur lequel mon numéro d'identification est écrit. J'ai du faire la file pour payer 5$ et obtenir le document. Demain matin, je retournerai au bureau d'immigration. J'espère que tout se passera bien.

À part ça, semble-t-il que l'heure a changé à Montréal. Ce n'est vraiment pas pratique pour chatter avec les gens du bureau. C'est soit trop tard ou soit trop tôt… Je vais peut-être devoir m'en passer.

Je suis allé au cinéma hier. J'ai vu "Rush Hour 2." De façon surprenante, c'était en anglais sous-titré en japonais. J'ai donc pu comprendre quelque chose. Comme c'était la dernière semaine de projection pour ce film, c'était très tranquille dans la salle. Ça faisait changement. Ordinairement, les lieux publics sont toujours très achalandés. C'est assez fatigant à la longue.

Pour terminer, j'ai vu "Heaven & Earth", un film sur la guerre du Vietnam. Vraiment très bon!

Lundi, le 12 novembre 2001.
Grosse nouvelle, j'ai obtenu mon extension de séjour. Je peux donc légalement rester au Japon jusqu'à la fin du mois de mai 2002. Une fois les documents dûment remplis et portés au bureau d'immigration, ça n'a pris qu'une semaine de délai. J'ai dû payer 50$.

Je suis allé au Shooter's bar en fin de semaine. C'est un resto-bar, en fait. C'est un coin branché pour les étrangers où l'on peut jouer au billiard, au soccer de table, déguster de la bouffe et de la bière américaine tout en regardant des vidéos et des matches sportifs sur les nombreux écrans aménagés un peu partout. C'était la deuxième fois que j'allais là. Je crois que c'est assez. C'est Yukako qui était curieuse et qui voulait essayer. C'est correct mais ce n'est pas mon genre.

À part ça, comme c'est assez tranquille, j'en profite pour parler de quelques différences intéressantes que j'ai remarquées sur la télévision au Japon.

On parle très souvent de bouffe à la télé nipponne. C'est très important de bien manger au Japon bien que les jeunes soient de plus en plus affectés par la vague américaine de fast-food qui a frappé le pays.

Une chose que l'on remarque tout de suite aussi, c'est que l'on sous-titre presque toutes les émissions de télé. Je ne sais pas exactement pourquoi. Est-ce pour les malentendants ou est-ce pour faciliter l'apprentissage de la langue écrite? Je l'ignore. Semble-t-il que le taux de personnes illettrées au Japon est assez élevé. C'est assez facile à comprendre. Il y a trop de kanjis à apprendre. Souvent, les mots compliqués, à la télé, ne sont pas sous-titrés en kanjis mais plutôt écrits en kanas. Les kanas expriment les sons. Comme le contexte est clair, c'est plus facile à lire.

La publicité aussi est remarquable. Il y a plus de publicité au Japon qu'au Québec. De plus, les pubs sont presque toujours bien placées. Aussitôt qu'il y a un point d'intérêt dans un programme, il faut s'attendre à avoir une pub prochainement. Il arrive même parfois que l'on cache certaine partie de l'écran juste avant une pub. De sorte que si l'on veut savoir ce qui était caché, on doit subir la pause publicitaire. C'est très choquant. On affiche aussi de la publicité par-dessus l'écran (comme des sous-titres) à l'occasion.

Au Japon, lors d'une interview, autant pour l'animateur que pour les invités, on peut se permettre de fumer ou même de prendre une bière. Ce n'est pas courant mais ça arrive parfois. Je ne me rappelle pas avoir vu ça dernièrement à la télé québécoise.

J'ai remarqué qu'il y a beaucoup de programmes avec des travestis au Japon (que l'on appelle curieusement New Half). Contrairement à chez nous, ça semble être accepté davantage.

Si on cache souvent les plaques d'immatriculation des véhicules ou les visages des passants dépendamment de la situation, la plupart du temps, on ne se gêne pas pour dévoiler le nom, l'âge, le groupe sanguin et parfois même les mensurations des intervenantes et intervenants à la télé.

Au Japon, il est correct de se frapper. Il semble particulièrement accepté que l'on puisse frapper une femme. Souvent, assez fort même. J'ai vu un homme tirer les cheveux d'une femme assez fort pour qu'elle doive se lever et marcher 2 ou 3 mètres. On semble trouver ça drôle. Le soir, il semble avoir plusieurs programmes où l'on tente de " vendre " une femme tout en l'humiliant. Évidemment, mon Japonais ne me permet pas de bien comprendre…

Une bonne paire de seins est très important pour les femmes au Japon. Les animateurs de télé sauront les mettre en valeur. Si c'est une animatrice, elle pourra même les soupeser avec ses mains.

Le soir, c'est place aux sports de combat et/ou de courses motorisées. Les sports de combat sont extrêmement violent. Ça commence à partir du kick-boxing. La boxe traditionnelle, c'est trop poche. Ça passe par le karaté et ça se termine par la cage, où presque tout est permis.

C'est au Japon que j'ai vu mon premier tournoi de karaté à la télé. Les combattants n'ont aucune protection. Ils ne peuvent se frapper dans les parties. Pas de prises, ni de coups de poing au visage. Les coups de pied cependant sont autorisés partout. Ça finit assez souvent par un écroulement d'un combattant, soit parce qu'il reçoit un kick dans la tronche ou soit parce que son abdomen ne peut plus supporter les coups de poing ou que les genoux craquent sous les coups de pied.

En ce qui concerne la cage, ça c'est complétement dément. Je crois que juste les coups dans les parties sont interdits. La plupart du temps, ça se termine par une clé de jambe. Si jamais un combatant a le malheur de perdre l'équilibre, c'est la pluie de coups de poing et de coups de pied qui déferle. C'est assez adrénalisant.

Il m'est arrivé une fois de voir un film relativement osé. Mais évidemment, c'était censuré. On peut aller jusqu'à montrer une paire de seins mais au-delà de ça, les pixels deviennent très gros et l'on ne voit plus rien.

J'espère que vous avez apprécié ce petit compte-rendu. À la prochaine!

Mardi, le 11 décembre 2001.

Rien de spécial durant le dernier mois. J'ai lu les romans d'Harry Potter. Je suis rendu à la moitié du quatrième. Ça m'a agréablement surpris. Malgré que ce soit supposément des livres pour enfants, l'intrigue est assez compliquée, le rythme est soutenu et les personnages sont amusants bien que très caricaturisés. Ça se lit très bien. J'irai probablement voir le film au cinéma pour me divertir.

Durant la période des fêtes, il ne se passe rien de particulier dans la famille de Yukako. Pas de sapin, pas de cadeaux, pas de réveillon, rien. Il n'y a même pas de congés fériés. Au Japon, il semble que Noël soit qu'une fête commerciale sans grande importance. Dans certaines familles, on donnera des cadeaux aux enfants. On ne fait aucunement mention de Jésus mais on annonce des jouets à la télévision. En se baladant dans les rues, on remarque parfois des lumières de Noël mais c'est plutôt l'exception que la règle.

J'irai peut-être faire une courte visite à Osaka prochainement mais ce n'est pas encore confirmé.

Vendredi, le 4 janvier 2002.

Bonne année à tous mes lecteurs!

Hier, c'était la première neige de l'hiver à Nagoya. Il est tombé une vingtaine de centimètres, je crois. La circulation routière était super congestionnée sur les grandes routes. Ailleurs, c'était endurable car peu de gens circulaient. La plupart des Japonais recommencent à travailler qu'aujourd'hui. Le congé des fêtes commence plus tard et se termine aussi plus tard qu'au Québec.

Le Jour de l'An fut plutôt tranquille. Pas de partys ni de réunions familiales. J'ai quand même eu le privilège de déguster un festin de fruits de mer : sashimis variés (thon, saumon, pieuvre, calmar, etc.) et crabe géant entier. Ce fût délicieux. Le tout arrosé de saké tiède.

Vers minuit, je me suis adonné à marcher près d'un temple. On y avait allumé un grand feu autour duquel on commençait à s'attrouper. Une trentaine de personnes environ. Je ne me suis cependant pas attardé. Je ne me sentais pas vraiment à ma place.

La veille du Jour de l'An, la majorité des Japonais mangent des nouilles sobas. C'est la tradition. Ils mangent aussi des trucs particuliers pendant les 3 ou 4 matins suivants. Je n'ai pas eu l'opportunité d'expérimenter toutefois. Yukako ne semblait pas très enthousiaste à manger ces trucs-là. Ça gouterait toute la même chose.

Pendant le congé des fêtes au Japon, on en profite pour faire le grand ménage. Contrairement à chez nous, ça ne se passe pas au printemps. La température était idéale. Frais mais ensoleillé. On se repose sinon et on va au temple pour s'occuper de la tombe ancestrale et prier aussi. Le père de Yukako a aussi passé beaucoup de temps à jouer au Pachinko, un jeu typiquement japonais où l'on regarde tomber des centaines de minuscules billes dans une atmosphère plutôt bruyante. Dépendamment de la destinée des billes, on peut gagner ou perdre de l'argent. On peut influencer légèrement les billes mais somme toute, ça semble être un jeu de hasard plus qu'un jeu de stratégie.

Pour ma part, j'ai surtout travaillé sur un petit projet de programmation. J'ai entre autres installé WinCVS pour gérer le code source de ma librairie personnelle. Il s'agit d'un logiciel semblable à SourceSafe ou Source Offsite. Cependant, c'est gratuit et open-source. Jusqu'à présent, ça marche très bien. Ça me permet de conserver les différentes versions de mon code. C'est très pratique pour récupérer du vieux code ou revenir en arrière en cas de mauvaise décision de design.

Durant Noël, je me suis promené au centre-ville. On avait installé de jolies lumières un peu partout. J'ai pris quelques photos.

J'ai aussi été témoin d'étoiles filantes assez impressionnantes, un peu avant Noël. Je n'en ai pas vu beaucoup mais celles que j'ai vues étaient très grosses. Cool!

En terminant, il fait de plus en plus froid. Il faisait 9 degrés dans ma chambre hier, et ce, avec le chauffage dans le tapis. Au moment même où j'écris ces mots, je peux voir mon souffle se transformer en vapeur tellement c'est froid. C'est un contraste énorme avec l'été. Mais bon, c'est comme ça que ça se passe ici...

Dimanche, le 13 janvier 2002.

J'ai rencontré une autre fois mon ex-professeure de japonais, Yuka, et son chum, Colen. Ils ont passé pas mal de temps à Nagoya pour célébrer la nouvelle année. On s'est donné rendez-vous au centre-ville au 12ième étage des tours JR. C'était paqueté de monde. Pour accéder aux restaurants, tout le monde devait faire la file (environ 30 à 40 minutes d'attente.) Habituellement, c'est moins pire que ça mais comme les Japonais étaient en vacances, c'était l'enfer. Heureusement, je n'ai pas eu à subir cette attente, j'ai tout de suite rejoint mes amis qui m'attendaient dans un resto. J'ai fait la connaissance de Nori qui a étudié le français à Montréal et… en Arizona! Drôle d'idée. Enfin, il se débrouillait pas mal mais comme il n'avait pas pratiqué depuis presque un an, son français déclinait lentement mais sûrement.

Après avoir bavardé une bonne heure, on s'est rendu dans un salon de quilles. C'était ma première fois. J'ai bien aimé ça. Je ne pense pas devenir accrocs cependant mais ce fut divertissant. J'inclus ma fiche de résultat pour immortaliser ce moment historique. Je n'ai aucune idée si c'est bon ou non. Je n'ai pas cherché à comprendre comment on compte les points.

Par la suite, nous nous sommes rendus chez les parents de Yuka-sensei. C'était la première fois que je les rencontrais. Ça s'est bien passé. Nous ne nous sommes pas attardés, le frère de Yuka, Shinsuke nous attendait dans un yaki-niku pas loin (il s'agit d'un restaurant où l'on mange de la viande et des légumes cuits sur une grille incorporée à même la table.) Il était accompagné de Akemi-chan, sa copine, que j'avais déjà rencontrée et d'autres amis aussi dont j'oublie les noms. C'était très bon et très plaisant. Un peu plus tard, d'autres amis de Yuka nous ont rejoint. Après le souper, le groupe s'est divisé. Certains voulaient boire, d'autres voulaient rentrer. J'en ai profité pour rentrer.

À part ça, j'ai passé proche d'aller voir Harry Potter mais malheureusement, la voiture de Yukako en a décidé autrement. On ignore encore c'est quoi le problème mais le moteur refuse de fonctionner.

Pour terminer, j'inclus quelques photos de mon appartement (1, 2.)

Mardi, le 21 janvier 2002.

Ce matin, je suis allé chez Fujitsu pour faire examiner mon ordinateur portable. Hier, il refusait de booter. Les deux jours précédents, ce n'était guère mieux. L'écran n'affichait plus correctement, le clavier et la souris fonctionnaient par intermitence. J'ai eu le temps de faire des copies de sécurité, par chance. On m'a dit que je devais attendre environ deux semaines avant de recevoir des nouvelles.

Entre-temps, je vais utiliser le laptop de Yukako. Ce n'est pas très plaisant cependant. Le clavier est vraiment petit et surtout, c'est un clavier japonais! Les touches ne sont pas toutes à l'endroit habituel et lorsque je regarde le clavier pour tenter de trouver le point d'interrogation, je vois plein de symboles japonais. Ce qui fait que c'est dur à trouver. J'imagine que ce n'est qu'une question d'habitude. On verra bien.

Vendredi, le 1 février 2002.

En fin de semaine passée, j'ai attrappé un genre de virus. Beaucoup de Japonais sont malades ces derniers temps. C'est facile à voir car beaucoup de personnes âgées portent des masques. Cependant, ce n'est pas tellement populaire auprès des jeunes... J'ai donc eu des problèmes intestinaux et à l'estomac. J'ai aussi très peu dormi. Résultat : j'ai perdu connaissance dans une épicerie bondée de monde!

On m'a rapidement amené en arrière-scène dans les entrepôts où j'ai pu me reposer dans un lit. J'ai aussi eu la chance d'expérimenter, pour la première fois, les toilettes typiques japonaises que jusqu'ici, j'avais soigneusement évitées. Mais bon, pour cette fois-ci, je n'avais pas d'autres options et je ne pouvais pas attendre. C'est définitivement pas ce qu'il y a de plus comfortable... Mais c'est probablement très facile à nettoyer. Il s'agit tout simplement d'un trou avec une chasse d'eau. Il faut s'accroupir pour faire ses besoins.

Le lendemain, j'étais de nouveau en forme.

Samedi, le 16 février 2002.

Wow! Je suis pas mal surpris du nombre de personnes qui ont répondu à mon petit sondage. Il semble même y avoir des gens dont je ne connais pas du tout. C'est l'fun et motivant. Encore quelques mois cependant et ce sera la fin. Plusieurs personnes m'ont demandé quand je projette revenir au Québec. Je ne connais pas encore la date officielle mais ce sera aux alentours de la fin du mois de mai. J'espère pouvoir revenir en compagnie de Yukako, dans le même avion, car le vol est long et pénible. À deux, ça passerait plus vite.

La Saint-Valentin au Japon est légèrement différente au Japon. Ce sont habituellement seulement les demoiselles qui offrent des chocolats (ou autres présents) aux hommes. J'ai été particulièrement gâté. Yukako m'a offert des truffes succulentes.

Pour équilibrer les choses (ou pour des raisons économiques), les Japonais ont inventé un autre événement où cette fois-ci, ce sont les hommes qui offrent des chocolats (ou autres présents) aux demoiselles. Cette journée s'appelle (en romaji) : uwaito dei. Si on le lit à voix haute, on devine qu'il s'agit des mots anglais : White Day. Cet événement se célébre un mois plus tard, soit le 14 mars.

À part ça, les journées rallongent et la température augmente. Il a fait 12 degrés aujourd'hui avec beaucoup de soleil. C'est très bon pour le moral.

Ma bâtisse est en rénovation ce qui fait que c'est pas mal bruyant durant la journée. Ça sera ainsi pendant 4 semaines, du lundi au samedi. Beaucoup de Japonais travaillent aussi le samedi. Toutefois, c'est de plus en plus rare.

C'est ce qui complète le dernier bulletin de nouvelles!

Lundi, le 26 février 2002.

J'ai enfin récupéré mon ordinateur. Il est réparé. On a changé ma carte-mère qui était défectueuse. D'après ce que j'ai pu comprendre, on s'est procuré la pièce à partir des États-Unis, probablement à cause du clavier français. C'est ce qui explique pourquoi ça a pris un mois. Au moins, ça ne m'a rien coûté car la garantie était encore valide. Ça fait vraiment une grande différence. Malgré ça, je m'étais habitué à l'ordinateur de Yukako et son clavier japonais. Ça fait tout drôle de retomber sur un clavier français.

Dernièrement, je suis allé à un kaitenzushi. Il s'agit d'un restaurant de sushi disposant d'un genre de tapis roulant sur lequel on dépose les sushis fraichement préparés. On peut donc voir tout plein de sortes de sushis et manger ceux que l'on désire. On peut aussi commander des sushis moins communs. La facture est calculée en fonction des assiettes dans lesquels les sushis sont placés. Les sushis les plus dispendieux coûtaient 600 yens (7,20$ canadiens) pour deux morceaux. C'était vraiment délicieux. Le poisson était super frais et il fondait presque dans la bouche.

Lundi, le 25 mars 2002.

Pas mal de choses se sont passées dernièrement.

D'abord, le 2 mars, c'était l'anniversaire de Yukako. 12 ans auparavant, à cette même date, la grand-mère de Yukako est décédée. Selon la tradition boudhiste, après un certain nombre x d'années (2, 6 et 12, je crois), on célèbre l'événement. En l'occurrence, plusieurs membres de la famille se sont réunis chez les Okumura et un moine a récité des prières pendant 1 heure environ. Ça se passait dans la pièce de style japonais où se trouve un genre d'autel doré. Je n'ai pas assisté à la célébration. Je suis arrivé un peu plus tard au moment même où l'on commencait à manger. C'était typiquement japonais : sashimi, tempura, fruits et légumes, soupe miso, riz et plusieurs trucs non identiés servis sur des tables basses; des coussins en guise de chaises. Le tout arrosé de bière et de thé. C'était très bon. Plusieurs personnes étaient surprises de voir que je pouvais utiliser des baguettes et manger la bouffe japonaise.

Le jour suivant, c'était le Hina Matsuri. Il s'agit d'un festival de poupées anciennes. À cette date, plusieurs Japonais installent un étalage de poupées dispendieuses (car faites à la main) représentant des personnalités importantes (comme des shoguns ou des princesses d'une ère ancienne) dans leur maison. Sans plus!

J'ai appelé Air Canada. Ma date de retour est maintenant confirmée. C'est le 27 mai. Yukako a aussi acheté son billet d'avion pour la même date. Je dois téléphoner Air Canada à nouveau pour m'assurer que nous sommes placés ensembles. Ça serait dommage que nous soyons séparés. Je me rappelle trop bien de mon voyage au Mexique où un couple d'Italiens récemment mariés n'avaient pas pris cette précaution. Ça avait causé une certaine agitation dans l'avion.

La mère de Yukako semblait surprise (voire un peu déçue?) de voir que Yukako allait une fois de plus au Canada. Peut-être pensait-elle que j'allais rester au Japon plus longtemps.

Je suis allé voir le film : "Lord of the ring." J'ai bien aimé. Les effets spéciaux étaient très bons : décors superbes, monstres très crédibles, combats prenants, personnages et costumes variés et intéressants. Évidemment, comme ce n'est que la première partie, la fin m'a laissé sur mon appétit. J'ai hâte de voir la suite.

J'ai lu "Bug-Jargal" et "Le dernier jour d'un condamné " de Victor Hugo, ainsi qu'un court roman pour enfants écrit en espagnol dans lequel un chat enseigne à voler à un oiseau. J'ai bien aimé Bug-Jargal.

En terminant, je me suis fiancé à Yukako. J'ai demandé officiellement à Otou-san la main de sa fille. J'avoue que c'était pas mal énervant. Il m'a donné son accord en répondant : "Onegai shimasu." J'étais très heureux et soulagé. La date du marriage n'est pas fixée mais probablement que nous ferons ça avant mon retour. Je dois bientôt me rendre au consulat canadien pour prêter serment comme quoi je suis libre et disposé à me marier. Par la suite, il y a d'autres procédures à suivre. En gros, ça semble relativement simple. Nous ne ferons sûrement pas un gros party.

Je passerai la fin de semaine suivante à Tokyo. Je ferai un peu de tourisme et je rencontrerai des amis.

La fin de semaine suivante, il y a un festival de ninjas à Ueno dans la préfecture de Mie. J'aimerais bien voir ça.

À suivre...

Jeudi, le 4 avril 2002.

La température est la hausse. Ce fût remarquablement chaud dernièrement. Jusqu'à 26 degrés! Le prix des légumes a baissé parce qu'il y a un surplus. C'était aussi la période où les cerisiers sont en fleurs. C'était vraiment très beau. Dommage que ça ne dure que quelques jours.

Comme prévu, j'ai passé la fin de semaine, avec Yukako, à Tokyo. Nous avons pris le shinkansen (train rapide.) Deux heures de trajet durant lesquelles j'ai eu la chance de voir le mont Fuji!! La température était idéale. C'était la première fois que je le voyais. Non, en fait, je l'avais déjà vu de Matsuzaki lors de mon premier voyage au Japon mais il était tellement loin… Je ne voyais que son sommet car sa base se fondait dans le ciel. Cette fois-ci par contre, je l'ai vu dans son entièreté, avec son sommet couvert de neige. C'était vraiment superbe. Surtout que je m'attendais à le voir de plus loin.

À notre arrivée à Tokyo, j'ai téléphoné mon amie Edwige. Nous nous sommes rencontrés à Asakusa. Elle était accompagnée de son ami Martin qui passait sa semaine au Japon. Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé aussi longtemps en français. Nous avons commencé par manger des okonomiyakis. Le restaurant était ancien et typique. Tables basses, très étroit. C'était délicieux. Comme Martin n'avait jamais goûté de sake, nous nous sommes commandés une petite bouteille.

Une fois notre estomac satisfait, nous avons visité Asakusa. Il s'agit d'un temple ancien qui s'est transformé au fil du temps en attraction touristique. J'ai été surpris par le nombre impressionnant d'étrangers visitant ce lieu. La foule était si dense que c'était très désagréable de déambuler à travers les boutiques.

Nous avons ensuite pris un bateau pour se rendre près de Ginza. Edwige devait se rendre à cet endroit pour se rendre à son travail. De plus, c'était sur notre chemin pour nous rendre à l'hôtel pour déposer nos sacs qui commençaient à peser très lourd avec la foule, la chaleur et l'air malsain du centre-ville.

L'hôtel que nous avons choisi s'appellait : "Asia center of Japan." Très bon choix : bien situé, près du centre-ville mais dans un coin étonnament tranquille, et peu dispendieux par rapport aux autres hôtels.

Après s'être reposés quelques minutes et s'être débarassés de nos sacs, nous sommes retournés à Ginza pour rencontrer Atsuko, une amie que Yukako s'est faite lorsqu'elle étudiait l'anglais à Montréal. C'était cool car Atsuko parlait lentement. J'avais presque de la facilité à la comprendre. Nous avons mangé des spaghettis : bon mais pas assez copieux à mon goût.

La soirée s'est terminée assez tôt, ce qui n'était pas une mauvaise chose car nous étions épuisés.

Le lendemain vers l'heure du dîner, nous avons rencontré Martin à nouveau à Ikebukuro. Malheureusement, Edwige avait d'autres obligations. Nous avons cherché un unagi-ya (un restaurant où l'on peut déguster de l'anguille) mais nous avons finalement décidé de manger des nouilles udons. J'ai mangé des udons au cari : bonnes mais celles de Nagoya étaient meilleures.

Mon guide recommandait de visiter l'Amlux Toyota. Nous sommes entrés. J'ai été désappointé. Je m'attendais à une plus grande diversité, plus de gadgets hi-tech. Ça se résume à des voitures… Et je ne ne suis vraiment pas un trippeux de voitures. De plus, dans mon guide, il était mentionné que l'on pouvait assister à un odorama (film dans lequel on pourrait "sentir" les images.) Le film auxquels nous avons assisté avait autant d'odeur que d'intérêt, c.-à-d., pas du tout.

Par la suite, nous nous sommes rendus à Shinjuku, le coin réputé pour être le plus achalandé de Tokyo. En effet, c'est assez impressionnant. La foule est vraiment dense, incessante et fatigante. Je me demande si on s'y habitue. L'idée de prendre le train à l'heure de pointe durant une journée chaude d'été m'a passé par l'esprit. Ça doit être quelque chose… de très désagréable.

Nous nous sommes rendus presqu'au sommet d'une des deux tours composant un gratte-ciel réputé du coin. La vue était bien mais comme c'était un peu nuageux, on ne pouvait pas voir le mont Fuji, le principal attrait selon moi. Le reste, c'est des bâtisses… Des bâtisses et encore des bâtisses. C'est tellement dense de bâtises le Japon. Je recommande cette attraction touristique car c'est gratuit.

Nous sommes revenus sur nos pas à Ikebukuro pour magasiner. Yukako et Martin voulaient s'acheter des souvenirs. Malheureusement, notre magasinage ne s'est pas avéré très fructueux. Yukako a dû se contenter d'un substitut. Et Martin ne s'est procuré que des baguettes pour manger.

Il commençait à se faire tard. Nous avons souhaité au revoir à Martin avant de s'acheter de quoi manger dans le shinkansen à notre retour.

C'est ce qui résume la fin de semaine. Bref, bien mais fatigant. Trop court cependant. J'aimerais y retourner un moment donné. J'aurais aimé rencontrer d'autres amis mais ça n'a pas adonné.

Mercredi, le 17 avril 2002.

Je suis allé à Ueno, dans la préfecture de Mie, pour assister à un festival de ninjas. Yukako n'était pas tellement motivée par les ninjas mais comme il n'y en a pas au Québec, je me suis dit que ça valait la peine d'y aller. Après deux heures d'autobus, nous sommes arrivés à Ueno. C'est une petite ville de montagne. On le sent très tôt. Les écolières ne sont pas maquillées comme à Tokyo ou Nagoya. Et presque personne n'a les cheveux teindus comme le veut la mode. Les rues sont presque désertes. Et contrairement à l'habitude, on voit des espaces verts un peu partout.

Ueno
On a vite trouvé le point d'intérêt car il n'y a pratiquement que ça dans le coin. À 10 minutes de marche, on arrive au château de Ueno. Comme c'était une journée de festival, des étalages étaient montés où l'on pouvait s'acheter de quoi manger et boire. Un kiosque africain vendait des souvenirs. Semble-t-il que des joueurs de soccer africains s'entraînent dans le coin pour la coupe du monde. C'était vraiment tranquille.

On a commencé par le château. À l'intérieur, c'était un musée contenant des reliques ayant appartenus à des samurais, des ninjas et autres personnages d'une autre époque. La vue du haut du château n'était pas tellement impressionnante. Il faut dire que le château est plutôt petit. De plus, un centre d'achats gâchait le paysage.

Par la suite, il y avait un spectacle de ninjas dehors. On s'est rendu voir ça. C'était un peu court. Mais bon… En gros, on montrait comment les ninjas utilisaient certaines (2 ou 3) de leurs armes spéciales. Il y a avait quelques démonstration de combat. On a tiré quelques shurikens sur un mur et on a aussi fait tournoyer une double paire de kamas (petites faux) pendant quelques secondes. C'était l'atttraction de la journée.

Un peu plus loin, on pouvait lancer 3 shurikens pour 100 yens. J'ai biensûr essayé, surtout que le "line-up" n'était pas trop long. C'est assez difficile à lancer. J'aurais eu besoin de me pratiquer davantage. Mais bon… À la fin, j'ai reçu un katayaki. Il s'agit d'un biscuit sec très dur. Quand je dis dur ici, je dis très très dur. Je me demandais presque si je n'allais pas me briser les dents à le manger. Par petits morceaux, on y arrive. Ce n'était pas méchant.

Plus loin, il y avait une maison de ninjas. À l'intérieur, une demoiselle ninja présentait des trucs de ninjas. Entre autre, elle montrait des cachettes, des faux-murs, des trappes et autres passages secrets qui inondaient la place. Là encore, un peu trop court à mon goût.

Par la suite, il y avait un autre petit musée de ninjas. Cette fois-ci plus intéressant que celui du château. Plus de choses et plus de contenus. Et surtout, c'était écrit en anglais. On pouvait voir d'autres outils ninjas inusités.

Il y avait un autre petit spectacle de ninjas mais comme Yukako n'avait pas tellement apprécié le premier, je n'ai pas insisté. C'est que le gars qui jonglait avec les kamas s'est coupé un peu. Il avait un peu de sang à la main.

C'était à peu près tout ce qu'il y avait à voir. Je n'ai pas mentionné le magasin à souvenirs. Il était sans grand intérêt.

Donc, en résumé, un peu déçu par l'événement en tant que tel. J'aurais aimé voir des ninjas escalader des murs, utiliser leurs outils spéciaux (notamment celui pour marcher sur l'eau) et aussi plus de combats. J'imagine que si ça n'avait pas été journée de festival que ça aurait été encore plus décevant. Malgré ça, ça faisait changement de la ville. C'est un très beau coin, tranquille, où l'on peut apprécier la nature.

Nous avons repris l'autobus pour rentrer à Nagoya juste à temps. Il commencait à pleuvoir.

Jeudi, le 9 mai 2002.

En fin de semaine passée, il y a eu un gros dîner organisé en notre honneur. Seuls les membres les plus proches de la famille de Yukako étaient invités, environ une quinzaine de personnes. Ça se passait dans un restaurant luxueux non loin du centre-ville. C'était une grande pièce de style classique avec tatamis et longue table basse. Yukako et moi étions assis au bout de la table. Otou-san a d'abord fait un petit discours d'ouverture puis nous avons commencé à manger. Comme d'habitude, plusieurs mets non identifiés. J'ai mangé notamment de l'oursin. Je n'ai pas tellement apprécié l'arrière-goût. Il y avait aussi un énorme poisson entier que chacun a plutôt mangé chez soi. J'ai bu du champagne, du sake et de la bière. Un des oncles de Yukako semblait persuadé que j'étais Français même si tout le monde lui disait que j'étais Canadien. Il n'arrêtait pas de me parler de la France et de Paris. Malheureusement, j'ai dû le décevoir beaucoup car je n'avais aucune réponse à ses questions. Pour clore la rencontre, nous avons dit un mini-discours pour remercier tout le monde. Un autobus-taxi s'est occupé de mener les invités à leur maison ou à la station de train.

La tante de Yukako et son fils, Tomoaki, sont venus à la maison. On a discuté davantage. On a, entre autre, décidé d'aller faire un petit tour à Kyoto ensembles. Ça devrait se dérouler en fin de semaine prochaine.

La semaine d'avant, nous avons profité de la fin de semaine pour visiter le lac Biwa (Biwa-ko.) Il y a une petite île que l'on peut visiter qui abrite un temple ancien. L'endroit était très beau mais ça ne prend que quelques minutes à faire le tour. Nous ne nous sommes pas attardés bien longtemps, nous avons vite repris le bateau pour revenir ensuite à Nagoya, en voiture.

À part ça, j'en suis à compléter les démarches de mariage. J'espère que ça se passera bien. Le bureau de quartier m'a demandé de traduire mon certificat de naissance en japonais. Je me suis renseigné sur la faisabilité de la chose. La majorité des compagnies charge un minimum de 200$US pour leur service de traduction. J'ai donc opté de le traduire moi-même, à l'aide de Yukako. J'espère que ça n'occasionnera pas de problèmes. Il n'y a pas grand-chose à traduire en fait sur ce document.

Vendredi, le 24 mai 2002.

Finalement, je ne suis pas allé à Kyoto comme prévu car la température n'était pas favorable : beaucoup de pluie. Ça n'a pas duré longtemps cependant, le soleil est revenu en force. Il fait 26-28 degrés ces jours-ci.

C'est fait, en ce qui concerne l'administration japonaise, je suis maintenant officiellement marié. Je me suis rendu au bureau de quartier avec Yukako mercredi passé. Nous avons fourni les documents nécessaires. À ma grande surprise, ça s'est passé sans problème. Je croyais bien que la copie de mon certificat de naissance ainsi que notre traduction personnelle de ce document allaient causer des remous mais non, tout a passé comme dans du beurre. Je n'ai pas eu à changer de nom de famille mais mon nom officiel au Japon est Furederikku Berujeron, écrit en katakanas. D'autres procédures administratives sont nécessaires pour faire reconnaître le mariage au Québec.

Dernièrement, je me suis rendu à Gifu pour visiter une dernière fois la grand-mère de Yukako, sa tante et son oncle. C'était cool. J'ai vu des photos de mariage typiquement japonais de cousins et cousines. Les accoutrements étaient très différents de chez nous. Kimonos et perruques étaient de mise. Nous avons mangé dans un bon restaurant. Le style de nourriture se nomme Kyoukaiseki. Semblerait-il que c'est un style typique de Kyoto. Il y avait, entre autres, de l'oursin (que je n'aime définitivement pas), des légumes non identifiés, de la sole séchée, du saumon, et comme dessert, du kutzumochi, gâteau de riz avec de la pâte de fèves rouges sucrées.

Je vais bientôt amorcer les derniers préparatifs pour le retour. Je prends l'avion lundi prochain. Je ne crois pas écrire à nouveau dans ce carnet. J'espère que vous avez apprécié le récit de mon actualité nipponne. J'avoue que ce n'est pas un récit des plus palpitants mais bon, le but était juste de garder mes amis au courant de ce qui se passe par ici.

Sayounara.




Dernière modification: 2008-05-23; 04:21 PDT;